ANDRÉE ANTONIOLI, UNE FIGURE DE BELLEVAUX

Illustration : Hélène Bécquelin pour la ville de Lausanne

Andrée Antonioli-Rouiller (1901-1989) 

Peu de Lausannoises et de Lausannois connaissent le nom d’Andrée Antonioli-Rouiller. Pourtant, des années 1940 et jusqu’à sa mort, en tant qu’infirmière et sage femme, elle joue un rôle médical et social fondamental auprès des familles, et des femmes en particulier, dans le quartier populaire de Bellevaux. 

Née à Massongex en Valais, ses parents tiennent un restaurant à Saxon. Touchée par le sort des personnes blessées lors de la Première Guerre mondiale, elle se forme d’abord comme infirmière à Genève, puis comme sage femme, sans doute à l’Ecole de Lausanne, l’une des neufs écoles de ce type en Suisse. A 23 ans, elle épouse Albert(o) Antonioli, 

un mécanicien italien rencontré alors qu’elle travaillait dans une boulangerie-confiserie à Ouchy. Le couple habite d’abord à la Pontaise, avant de s'installer, au début des années 1940, au che min de la Forêt 2 à Bellevaux. La maison de trois étages devient le « cabinet » d’Andrée Antonioli puis, toujours très fréquentée, un lieu de ressource et d’accueil pour le quartier et au-delà. Sa sœur prend en charge les repas, et deux jeunes femmes logent à la maison pour l’aider avec les nourrissons. Andrée Antonioli incarne les conditions de travail précaires qui sont alors celles des sages-femmes : disponibilité jour et nuit, revenus faibles et en fonction des moyens de la fa mille de l’accouchée. A l’époque, l’assurance maladie et maternité obligatoire n’existe pas. Les familles du quartier n’ont souvent pas de quoi payer la sage-femme qui, elle-même indépendante, peine à ganger sa vie. A quelques mètres de la maison d’Andrée Antonioli se trouve le villa de la coopérative La Maison familiale, conçue à la fin des années 1920. Après la Seconde Guerre mondiale, des familles avec huit à dix enfants vivent encore dans ces minuscules maison destinées à la classe ouvrière. Il arrive qu’Andrée doive amener elle-même un matelas pour pouvoir y installer la future mère. Veuve à 57 ans, Andrée prend sa retrait quinze après. 

Extrait de : 100 femmes qui ont fait Lausanne. Dans les pas des pionnières, Edition Antipode 2021