DES VELOS ET DES PLANTES, entretien avec François Deschamps (par Patrizio Longo)


François ne passe pas inaperçu lorsqu’on le croise dans le quartier avec sa longue barbe sur son vélo cargo rose à tête de requin.

Natif de Vevey, il habite dans les immeubles à coursive sur Aloys-Fauquez depuis 1998.

Après un passage par l’école d’ingénieurs d’Yverdon, passionné de mécanique, il fait un apprentissage de mécanicien sur vélo. Peu après ses études, il ouvre rapidement un magasin de vélos et devient, au début des années 2000, un précurseur dans la vente de vélos électriques à Lausanne. Trop tôt peut-être, car, à cause du manque de garanties et de service après-vente de ses fournisseurs, il ferme son commerce quelques années plus tard.

Cela ne l’a pas empêché de continuer à faire ce qu’il aime, travailler de ses mains et développer une multitude de projets, pour lui, pour en vivre ou au service de la collectivité.

Il partage un atelier, sorte de caverne d’Ali Baba, au Vallon, dans les anciennes écuries de la ville, mis à disposition par l’association de quartier. C’est son principal lieu de travail à la belle saison. Parmi ses nombreuses activités, on peut citer le montage personnalisé de vélos cargo électriques et des cours d’entretien ou de réparation de vélos. Son atelier est ouvert tous les mercredis après-midi pour de l’auto-réparation. Les enfants du quartier apprécient venir jouer dans la cour sur des vélos mis à disposition.

Il a aussi l’amour des plantes. C’est ainsi qu’avec un minimum de terre en pots et un bon système d’arrosage, il arrive à verdir toute la façade de son atelier, avec un mélange de plantes ornementales et de tomates. Dans le même esprit, mais pour les CFF cette fois, il a développé un pavillon d’information végétalisé autonome où les plantes poussent sans avoir besoin d’entretien. Le système fonctionne grâce à l’eau de pluie qui est récupérée dans une citerne et qui est redistribuée vers les plantations par un système capillaire.

Pour partager cet amour pour la nature, une fois par année, l’atelier se transforme en salle de cinéma et des films y sont projetés dans le cadre du Festival du film Vert.

Beaucoup de ses inventions se combinent avec le vélo, comme la remorque qui se déplie pour se transformer en bar ambulant ou la mini-caravane qui peut être installée en pleine nature pour y passer des nuits à l’abri.

Il peut également s’installer sur un trottoir, sur une place ou au bord du lac et son vélo cargo devient un atelier de réparation, voir même une discothèque.

Comment le quartier a évolué depuis 25 ans?

Les jeunes sont clairement moins respectueux de l’espace publique aujourd’hui. La preuve en est les déchets que l’on trouve régulièrement aux abords des cours de récréation les dimanches matin. La drogue aux arrêts de bus est également un élément nouveau.

Pour citer les améliorations dans les aménagements publics, on peut se féliciter des nouvelles zones de trafic à vitesse limitée ainsi que les places à disposition des deux-roues avec la possibilité de les attacher.



Pour terminer, voici un petit guide pour développer la mobilité douce dans notre quartier à l’attention de ceux qui réfléchissent à investir dans un vélo :

  1. La topographie de Lausanne fait que le vélo électrique est presque incontournable. Pour ceux qui envisagent d’acquérir ce moyen de transport, il faut savoir que les Services Industriels de Lausanne subventionnent tout achat sur le territoire communal. Les points négatifs de cette solution sont le coût, le poids qui fait qu’on peut difficilement le rouler sans assistance et la place presque obligatoire à avoir pour le garer, dans un local vélo facilement accessible.
  2. Si votre budget ne le permet pas ou si vous préférez simplement avoir un vélo léger qui est facile à porter, vous pouvez opter pour une combinaison vélo et transports publics. En choisissant bien son itinéraire, on arrive facilement à utiliser le vélo au plat ou à la descente et de temps en temps, dans les TL pour les longues montées. L’inconvénient de cette solution c’est la difficulté de trouver une place dans le bus aux heures de grande affluence et l’achat d’un billet pour le vélo.
  3. L’alternative si l’on veut être très mobile sans avoir beaucoup de place à disposition, c’est le vélo pliable. Il prend la place d’une valise, une fois plié et est gratuit dans les transports publics. Il a néanmoins les désavantages d’être cher et moins rapide sur les longues distances.
  4. Si vous songez à vous séparer de votre voiture mais que vous souhaitez tout de même garder une certaine indépendance, vous pouvez opter pour un vélo cargo, très pratique pour véhiculer des enfants et faire ses courses. Avec en complément un abonnement Mobility (véhicules de toutes les tailles à disposition pour les abonnés), vous pourrez ainsi rejoindre facilement un lieu difficile d’accès en transports publics.
Et pour l’entretien et les réparations, il existe depuis peu un nouvel atelier de réparation de vélos, pas loin du chemin d’Entre-Bois, au chemin du Rionzi 35 qui s’appelle Atelier B’Cyclette. Les attentes pour des réparations sont moins longues qu’au centre ville.

J’espère que ces quelques lignes vous auront donné envie de faire du vélo.

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