CITE BELLEVAUX-PAVEMENT, OU LA RENOVATION AU BOTOX ARCHITECTES W. F. VETTER, J.-P. VOUGA (par Bernard Zurbuchen)

Vue aérienne*
Cette cité a été réalisée par les architectes William Vetter et Jean-Pierre Vouga entre 1954 et 1958 sur un terrain remis par la ville de Lausanne. Il s’agit là d’une nouvelle étape dans le développement du logement social du quartier (voir les articles parus dans les deux derniers numéros de 1018.5.).

Il s’agit de trois «barres» qui forment un espace collectif ouvert orienté au sud, largement ventilé et accessible à tous les habitants. De plus, un pavillon a été construit sur la rue Aloys Fauquez et qui était destiné à l’origine aux habitants pour des activités collectives. Vraisemblablement pour des raisons économiques et de profit, ce pavillon est devenu un magasin de cd et de cassettes vidéo, puis aujourd’hui un magasin d’alimentation.

Plan de situation*
Les architectes ont cherché pour des raisons économiques et rationnelles à développer des logements où les pièces d’eau étaient regroupées afin de limiter les gaines techniques et les éléments de façades préfabriqués, pour rationaliser la construction et chercher des économies.

De ces réflexions en a résulté des bâtiments dont la sobriété et la simplicité a développé une esthétique très simple mais très épurée. Seules le rythme des percements, les volets coulissants et les lignes horizontales marquant les éléments de construction et les fenêtres constituaient l’esthétique de la façade. Pas de décoration inutile ou de gadget à la mode. Des architectes engagés socialement et conscients d’une responsabilité collective.

Plan d'un étage type*
Malheureusement, au début des années 80, en pleine période post-moderne pour l’architecture, la ville de Lausanne a décidé de rénover deux de ces trois bâtiments.

Elle a choisi de leur donner un look qui se voulait dans l’air du temps, mais malheureusement la mode ne dure pas très longtemps.

Si nous pouvons comprendre sans problème la nécessité de rénover un immeuble, de l’entretenir et d’améliorer le confort de ses habitants, il est fort regrettable de nier ses qualités initiales qui font partie de notre patrimoine culturel et que l’on ne peut pas remplacer.

Il ne nous viendrait pas à l’idée de recouvrir la Joconde de peinture rouge, sous prétexte que la peinture initiale se craquelle et que le rouge est à la mode, Il en va de même pour un bâtiment qui fait partie de l’histoire du logement social lausannois.

Nous pouvons également comparer cette attitude avec l’usage inconsidéré du botox qui ne tient pas compte, à notre avis, du passé, et qui cherche juste à changer l’aspect extérieur sans en mesurer les conséquences.

Etat avant les années 1980

Etat après la rénovation au botox par la ville de Lausanne

Dans l’article RETOUR DU FORUM SUR L’ETAT DES BÂTIMENTS LOCATIFS A BELLEVAUX, Séverine Pedreza relate le mécontentement des habitants concernant l’entretien de certains immeubles du quartier qui ont tendance à se délabrer sans que les gérances, propriétaires ou sociétés coopératives n’interviennent. Il va sans dire qu’aujourd’hui, l’entretien et la rénovation des maisons sont impératifs aussi bien en ce qui concerne l’état intérieur que les façades, mais cela doit se faire sérieusement en prenant en considération tous les critères, y compris, ceux, immatériels mais non moins précieux du patrimoine historique.

Ceci est d’autant plus important que le quartier regorge d’exemples de logements sociaux témoins de l’histoire du quartier, qui ne sont bien sûr pas aussi importants que la cathédrale, mais qui racontent une histoire, une histoire sociale qui constitue la mémoire de notre quartier et qui est si précieuse.

Aujourd'hui

* Images extraite de "Architecture du Canton de Vaud 1920 - 1975", sous la direction de Bruno Marchand, PPUR



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